Les odeurs de Constantine ! Elles vous accueillent, vous accompagnent, vous poursuivent, vous prennent à la gorge, on les reconnaît avant d´avoir fait deux pas, elles vous portent sur les nerfs vous soulèvent le cœur. Cheikh Boularouah, sortant de sa voiture, exprimait tout haut sa première impression, Après avoir tourné un moment, il avait eu du mal à se garer sur la petite esplanade en face du pont de Bab-El-Kantara. Il poussa un soupir, défroissa ses vêtements jeta un coup d´il à sa montre: «Moins le quart .. Neuf heures d´Alger jus-qu´ici. Une bonne moyenne, par cette chaleur! A Constantine comme à la Kaâba, arriver un vendredi, c´est de bon augure ». Il ferma sa voiture et s´engagea dans la rue Ben M´hidi, puis marqua un temps d´arrêt. Après avoir jeté autour de lui un regard méfiant, il revint à son véhicule pour vérifier la fermeture des portières. Le train siffla, et Boularouah tressaillit légèrement. «Plus déchirant qu´à l´ordinaire, bizarrement prolongé, ce sifflement! Un signal d´alarme? Non, plutôt une manière de crier l´angoisse qui saisit les voyageurs quand ils entrent dans la ville » Il promena son regard sur le pont, retrouva un peu son calme malgré l´embarras de la circulation, le mouvement confus et incessant des piétons et des véhicules. Tous ces gens, toutes ces- voitures qui foncent n´importe comment ! On ne sait où donner de la tête. J´avais déjà oublié l´atmosphère de Constantine »,