Juin 2000. Une ancienne militante pour l'indépendance de l'Algérie, Louisette Ighilahriz, confie à une journaliste du Monde, Florence Beaugé, les sévices qu'elle a subis à Alger en 1957. Elle met en cause deux des plus hauts responsables militaires français de l'époque, le général Massu et le général Bigeard, héros de la " bataille d'Alger ". L'article est publié en une ; le débat sur les exactions commises par l'armée française pendant la guerre d'Algérie se trouve inexorablement relancé. Massu exprime des regrets. Bigeard nie en bloc. Un peu plus tard, un homme de l'ombre, le général Aussaresses, avoue sans détour au Monde tortures et exécutions sommaires en Algérie. Il n'est plus question de " bavures ", mais de la reconnaissance d'un système. C'est ensuite à Mohamed Garne, né d'un viol collectif, " Français par le crime ", de révéler son histoire. Puis à Jean-Marie Le Pen, président du Front national, aux portes de l'Élysée en 2002, de voir son passé algérien le rattraper : une nuit d'horreur dans la Casbah. Un poignard oublié... En 2005, le général Schmitt, ancien chef d'état-major des armées, qui s'obstine à nier les faits, amène " les témoins humiliés dans l'ombre " à sortir de leur réserve... Florence Beaugé donne la parole à ceux qui y étaient, Français et Algériens. Cinq ans d'enquête, des témoignages bouleversants et des rebondissements inattendus. Mais ce livre est aussi un document exceptionnel sur le travail au quotidien, les difficultés, les émotions, les hésitations d'une journaliste entraînée presque malgré elle dans une investigation difficile.