Née dans le département de Constantine, Mme Gaudry, auteur de la femme chouia a toujours été attirée par le pays des Aurès « cette citadelle berbère ». L’Aurasiènne est ici identifiée à la captivante image de Dihïa Kahina, dont l’épopée a été l’un des repères de la grande histoire de l’Algérie. Pour l’auteur la tâche a été d’investir le champ des pratiques sociales et culturelles de la « femme chaouia » à travers les principaux moments de sa vie et les statuts sociaux correspondants.
Le lecteur est ainsi invité à parcourir ces moments à travers les résultats éclairants sur la femme chouia de ce début du XXe siècle. Par exemple, « maîtresse du logis, âme des réjouissances, elle est le centre d’où rayonne toute activité ». Comme responsable, « elle se montre acharnée au labeur et courageuse dans la misère. Bien souvent elle est pauvre, mais nul souci matériel ne la tourmente. Elle nous apparaît comme dépositaire du passé et comme la vivante image de ce qu’elle fût. Ne donne-t-elle pas toujours à la glaise les mêmes formes… millénaires? ». Enfin comme symbole, la femme chaouia est « l’’incarnation d’un rêve collectif et séculaire et c’est pourquoi il est à présumer que sa royauté nécessaire domine longtemps encore ».
Cet ouvrage se lit avec beaucoup d’intérêt d’autant plus que les analyses sont énoncées avec rigueur et clarté. L’une des rares études d’éthno-sociologie, pour la région étudiée en tout cas, ce travail sert au moins une double utilité ; d’abord il nous fait découvrir la société d’une région et son histoire, ensuite il nous invite à un vrai moment d’érudition à propos d’un sujet captivant. Celui est un privilège.