La gestion des déchets urbains dans les pays du Sud est un problème croissant. La réplication des systèmes en vigueur dans les pays du Nord a débouché sur d'innombrables «éléphants blancs» : des installations de collecte et traitement coûteuses, mais inopérantes. De tels échecs sont souvent liés à une mauvaise prise en compte du secteur informel de la récupération. La thèse développée dans cet ouvrage suggère de reposer la définition même de l'objet. Qu'est-ce qu'un déchet aujourd'hui dans une ville ordinaire de pays émergent : est-ce ce que les habitants jettent ? Ou bien est-ce ce que personne ne récupère ? L'ouvrage se focalise sur les conflits d'appropriation auxquels les déchets donnent lieu à Vitória (Brésil) et à Coimbatore (Inde). Ces frictions se produisent, notamment lorsque les autorités municipales décident d'introduire la collecte sélective. Leurs opérateurs privés en viennent alors à empiéter sur un domaine - la récupération des déchets recyclables - déjà occupé par une chaîne d acteurs informels et formels : wastepickers, marchands, recycleurs, négociants, etc. Constatant ces heurts, l'auteur pose une question simple : à qui appartiennent les déchets, objets précisément définis par l'abandon ? En déployant une écologie politique, qui mobilise notamment les travaux d Elinor Ostrom, l'auteur dévoile un renversement en cours : dans un contexte mondial de renchérissement des matières premières vierges, les déchets sont de plus en plus perçus comme des ressources potentielles et les villes comme de véritables «mines urbaines».