L'Europe provoqua la première une mondialisation, au XIXe siècle. Elle le fit dans une émulation des nationalités chez elle, et de manière impériale ailleurs. La réaction des peuples consista à s'ériger à leur tour en nations, de l'Amérique (1776) à la Chine (1911) et jusqu'à nos jours, au fur et à mesure des indépendances. Aujourd'hui, la mondialisation est de nature transnationale : elle pénètre tous les pays, entraîne tous les peuples, internationalise de plus en plus d'aspects de la vie courante. a Chine y a pris une part décisive, sans songer pour autant à propager un modèle chinois. Le point commun aux deux mondialisations est leur dimension universelle. Citoyens d'une humanité appelée à se comprendre comme globale, mais faite de nations, de peuples, de cultures diverses, la mondialisation ambiante nous pose la question du sens à lui donner. L'objet de la table ronde qui a réuni aux Treilles, du 16 au 21 mai 2011, dix intellectuels chinois et dix intellectuels français, était de réfléchir aux conditions d'une pensée de l'universel et du particulier, du spécifique et de l'étranger, à partir d'un examen du concept de nation dans les deux traditions française et chinoise. L'écart qu'un tel exercice met en oeuvre et en évidence aide à poser les problèmes très concrets de l'universel (ceux du droit, des valeurs, des normes, etc.) d'une manière critique et constructive. On y prend la mesure du degré auquel les différences culturelles sont une ressource puissante pour la bonne intelligence entre les nations, pour peu qu'on les fasse travailler. Le présent ouvrage rassemble les communications présentées et une synthèse des débats qui ont approfondi cette question clé du siècle présent.