La route ne fut pas toujours aisée. Les études et les recherches furent longues, parfois difficiles. Pendant plus de vingt ans, nourri par l'enseignement traditionnel que nous avions reçu, les lectures accumulées, les recherches personnelles et les livres écrits, nous avons répété que le réveil de la pensée islamique passait nécessairement, d'une part par une réconciliation avec sa dimension spirituelle et, d'autre part, par un engagement renouvelé, une lecture rationnelle et critique (ijtihâd) des sources scripturaires dans le domaine du droit et de la jurisprudence (fiqh). Nous n'avons pas changé d'avis : le cœur lumineux de l'islam est bien la quête et l'initiation spirituelles; sa dimension universelle passe nécessairement par un travail de lecture et de relecture continuée, d'interprétation fidèle et novatrice et, enfin, de formulation d'avis juridiques adaptés (fatâwâ). Les musulmans d'aujourd'hui, en Orient comme en Occident, ont un besoin urgent d'un fiqh (droit et jurisprudence) contemporain, distinguant ce qui, dans les Textes, est immuable de ce qui est propre au changement.Il faut donc, à notre sens, aller plus loin, poser la question des sources du droit et de la jurisprudence (usûl al-fiqh), des catégories qui les organisent, des méthodologies qui en découlent et enfin de la nature de l'autorité que ces ensembles confèrent aux savants des Textes (les ‘ulamâ' et particulièrement les fuqahâ'). C'est ce que nous nous proposons d'entreprendre ici : il s'agit clairement d'une nouvelle étape. Notre propos sera de revisiter non plus seulement les outils et les applications concrètes et historiques du droit et de la jurisprudence